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Quelques questions à un expert sur la dysplasie de la hanche du chien

Quelques questions à un expert sur la dysplasie de la hanche du chien

Anatomiquement, à quoi sert la hanche du chien?

La hanche est l’articulation qui connecte le membre postérieur et le bassin. Chez le chien, elle est formée par un creux (excavation) du bassin appelé cotyle, d’une part ; et par la tête du fémur (partie haute de l’os de la cuisse), d’autre part. C’est une articulation qui nécessite une stabilité parfaite et une bonne musculature pour rester saine, à vie.

Qu’est ce que la dysplasie de la hanche?

Il s’agit d’une maladie du chien. Elle consiste en une malformation progressive de la hanche pouvant se révéler tout au long de la vie d’un chien. Le point de départ est une laxité excessive à l’origine d’un jeu anormal de l’articulation chez le jeune (subluxation) qui modifie les contraintes passant par la hanche entraînant son inflammation et des lésions progressives des cartilages, des ligaments et des os qui la constituent. Inéluctablement, de l’arthrose secondaire se développe. Ces malformations, et cette arthrose ne sont pas obligatoirement à l’origine de signes cliniques. Autrement dit, il n’y a pas de relation étroite entre les lésions articulaires et les signes cliniques de la dysplasie de hanche chez le chien. Le « fatalisme » n’est donc pas de rigueur si un chien est déclaré atteint de dysplasie de hanche.

Comment cela se diagnostique la dysplasie de la hanche chez le chien ou le chiot?

Il faut d’abord des propriétaires vigilants pour les signes d’anomalies de la hanche. Ces signes sont souvent visibles chez les chiens en croissance (3 à 18 mois) et les chiens adultes d’âge moyen ou avancé. Chez le chiot, une démarche ondulante et chaloupée et / ou un déplacement des deux membres postérieurs en même temps (comme un lapin) à la course sont assez « classiques ». Une panoplie d’autres signes peut apparaître, à tout âge, allant de la raideur au lever jusqu’à la boiterie sans appui en passant par une activité physique réduite, une tendance à se coucher souvent, une boiterie intermittente, des difficultés dans les escaliers.

La précocité du diagnostic est primordiale chez les chiots suspects, ou à risque, car il existe des interventions qui ne sont plus possibles passé un certain âge. Le diagnostic ne peut être confirmé que par un vétérinaire. Il s’appuie sur les signes rapportés par son maître, l’étude de sa démarche et de ses postures, l’examen orthopédique (vigile et sous anesthésie) et l’examen radiographique. Certains éléments de cette évaluation comme des radiographies en contraintes des hanches ou des arthroscopies des hanches sont exclusivement pratiqués par des vétérinaires spécialistes en chirurgie.

Quel est le traitement chez le chiot ? chez le chien adulte ?

Etre dysplasique implique un suivi vétérinaire régulier. Les traitements sont adaptés au cas par cas. Un certain nombre d’animaux bénéficie de mesures hygiéniques (alimentation et activité adaptées), d’autres ont vraiment besoin de cures antalgiques plus ou moins longues (toujours sur avis et prescription vétérinaire). Lorsque ces cures sont nécessaires, une chirurgie doit être envisagée. Une consultation avec un spécialiste en chirurgie est recommandée pour discuter des avantages et inconvénients d’une telle décision. La chirurgie est nécessaire et bénéfique dans certains cas.
Une intervention particulière, la symphysiodèse pubienne, n’est utile que jusqu’à l’âge de 18-20 semaines, mais elle est peu risquée donc réalisée à titre préventif.

Une autre chirurgie, la double ostéotomie de bassin (alternative récente à la triple ostéotomie du bassin), est le plus souvent réservée à des chiens de 5 à 10 mois. D’où l’importance du diagnostic précoce.
La dernière chirurgie est la prothèse de hanche. C’est la technique la plus souvent réalisée car elle permet une récupération optimale du fonctionnement de la hanche, et la prothèse de hanche peut être adaptée même pour les chiens jeunes. Elle présente donc de nombreuses qualités, avec un inconvénient de poids : son coût.
L’exérèse de la tête et du col du fémur est rarement une bonne alternative lors de dysplasie de hanche.

A quel âge doit-on faire vérifier les hanches ?

Sur les animaux à risque (parents atteints, race très fréquemment touchée par la dysplasie), il est idéal de faire des radiographies en distraction dès 16 semaines. Cela permet un diagnostic très précoce, et de réaliser le traitement préventif par symphysiodèse. Cette chirurgie présente très peu de risque de complication, n’est pas chère, bref, c’est une approche de choix, motivant un diagnostic très précoce (on ne peut plus faire cette chirurgie après 18-19 semaines).
Si on a raté le cap des 20 semaines, alors le diagnostic est plus souvent fait en fin de croissance, plus ou moins tôt selon les signes observés.

Sur l’animal jeune, on va chercher à caractériser la laxité de la hanche sur les radiographies. On réalise donc des vues qu’on appelle « en distraction » (Penn Hip est un autre terme). Cela consiste à forcer délicatement la laxité et prendre la radiographie en même temps pour réaliser des mesures de cette laxité. Cela ne représente aucun risque et permet d’anticiper le diagnostic, fiable dès 4 mois.

Sur l’animal plus âgé, on fait des radiographies standards, et on cherche à voir les dommages secondaires à la dysplasie, donc principalement l’arthrose, que l’on va grader de normal (A) à anormal (B, C, D, E) . Il existe plusieurs grades d’anomalies selon la sévérité des changements de l’articulation.

Dans le cadre de la reproduction, préconisez vous de tester les reproducteurs ?

Il est capital de tester les reproducteurs. Cette approche n’est pas infaillible, mais elle aide énormément la descendance, mais aussi la race d’une manière générale.

Comment expliquez- vous que des parents avec de bonnes hanches puissent produire un chiot dysplasique ?



La dysplasie des hanches est une maladie reliée à de nombreux gènes. Ainsi, un parent qui est clairement non touché peut quand même avoir quelques gènes de dysplasie de hanche. Si ce chien est croisé avec un chien ayant les mêmes caractéristiques (non atteint mais avec d’autres gènes de dysplasie), alors on peut avoir certains chiots qui ont le mauvais mélange de gènes. Pour certaines races, deux parents sains ont une chance sur 4 d’avoir un chiot atteint… Donc ce n’est pas si rare…

Quelles sont les méthodes pour caractériser la dysplasie chez le chien ?

La meilleure méthode est la radiographie. Il existe beaucoup de variante de techniques radiographiques. Les vétérinaires généralistes vont plus souvent réaliser des vues standards, qui aident beaucoup au diagnostic.
Il y a parfois un besoin de réaliser des vues radiographiques plus complexes pour mieux la caractériser.

Selon vous à quel stade ne doit -on pas reproduire un chien ?

Je pense qu’il est important de ne pas reproduire un chien qui a une dysplasie, quel que soit le stade. Ce n’est pas facile, je le sais ; mais ce qui compte avant tout est de diminuer les risques des chiots, et cela passe par ça.

La dysplasie des hanches est elle seulement génétique ?

La dysplasie de hanche n’est pas seulement génétique, mais la part de génétique est très importante. Le reste vient de la rapidité de la croissance, et l’exercice, et de l’alimentation même ces éléments là ont plus tendance à avoir un impact sur la sévérité que sur la présence ou non de la maladie.

Y a-t-il des races plus concernées par la dysplasie, lesquelles ?

Il y a des races plus concernées par la maladie.

Voici un tableau d’une étude qui montre le pourcentage de chiens touchés par race :


Cane Corso : 59,7 %
Berger Picard : 40 %
Epagneul Picard : 39,6 %
Setter Gordon : 35 %
Chow-Chow : 32,6 %
Epagneul bleu de Picardie : 28,5 %
Berger Blanc Suisse : 27,5 %
Briard : 25,5 %
Schnauzer géant : 25,4 %
Springer Spaniel : 25,2 %
Rottweiler : 23,4 %
Dogue Allemand : 23,1 %
Berger Allemand : 22,1 %
Bouvier Bernois : 22 %
Beauceron : 17,6 %
Braque de Weimar : 16,8 %
Akita Inu : 16,8 %
Setter Irlandais : 16,4 %
Braque Français : 16,2 %

Y  a t il des particularités sur les races : bulldog américain, staffordshire bullterrier et american pitbull terrier ?


Il n’y a pas de particularité à proprement parler.
Ce sont des races qui développent la dysplasie, donc la détection précoce est importante. Ce sont des chiens très actifs, et certains ont un poids qui fait que le traitement par prothèse est souvent la solution de choix lors de maladie trop sévère.

Que conseillez- vous aux éleveurs souhaitant reproduire dans les meilleures conditions ? tester les parents, à quel âge, quelle méthode de lecture ?


L’idéal est de tester les parents pour une dysplasie, par radiographie, réalisée par un spécialiste en orthopédie (voir le site de l’ordre des vétérinaires en cherchant spécialiste en chirurgie). Dès un an, on ne devrait pas avoir de doute sur la présence de la maladie.

Pour les promenades, que conseillez-vous ? que pensez-vous du harnais ?

Il est important de limiter les exercices à trop fort impact tant que le diagnostic n’est pas réalisé. Sur les chiens atteints, il faut veiller à développer la masse musculaire sans trop augmenter les impacts sur les articulations.
Le harnais peut être utile pour mieux contrôler son chien, mais collier ou harnais n’a pas d’impact à proprement parler sur la dysplasie des hanches.

Y a-t-il des sports préconisés ?

Lorsqu’un chien est atteint de dysplasie de hanche, il est important de maintenir la masse musculaire. Faire du sport est donc utile. Il faut cependant veiller à ne pas faire de sport à fort impact articulaire : marche, marche rapide, et nage sont les activités idéales ; mais il convient d’adapter ces recommandations de manière individuelle. Consulter un spécialiste en chirurgie peut aider pour cela.

Le Dr Ragetly, du CHV Frégis, répond à vos questions





Docteur Guillaume Ragetly

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